Le silence bavard des
urnes
Victoire
de la coalition des Fal 2012, baisse de régime de « Baldé Abdoulaye et Cie »
et percée significative de Macky Sall sont les conclusions tirées du scrutin du
26 février dernier dans la région de Ziguinchor. Au-delà, ce silence bavard des
urnes…
Par Hubert SAGNA
Correspondant, Ziguinchor
Comme
en 2007, la région de Ziguinchor a renouvelé sa confiance en Abdoulaye Wade.
Sur
un suffrage valablement exprimé de 88 087 voix, le candidat de la
coalition des Fal 2012 a obtenu 43 217 voix (49,O6%) devançant largement
Macky Sall classé 2ème avec 17 910 voix (2O, 33%) et Moustapha Niasse qui
a obtenu 16 598 voix soit 18,84%.
Une
victoire au goût amer pour la majorité présidentielle puisqu’elle n’a pas permis
à son candidat de passer au premier tour, mais surtout parce c’est la première
fois que le PDS, sous la houlette de Baldé, obtient un taux aussi faible.
Si
Abdoulaye Baldé évoque « l’insuffisance
de moyens » mis à sa disposition, Innocence N’tap N’diaye incrimine,
quant à elle, l’absence de « coordination »
et de « synergie » au
niveau de la formation libérale de Ziguinchor. Selon elle, le comité électoral
mis en place n’a pas fonctionné à cause des querelles de chapelles. Lesquelles
querelles ont impacté sur les résultats.
Ces
deux avis ne sont pas partagés entièrement par Malamine Bodian en poste dans
une station radio. Cet ancien étudiant en Ex Union Soviétique estime que le
faible taux obtenu par la coalition des FAL 2O12 est à chercher notamment dans
le « faible taux de participation »
lors du scrutin du premier tour.
« La victoire de Wade ne reflète
pas la réalité »
Un
argument que rejette d’un revers de main le journaliste-écrivain Omar Diatta. S’exprimant
sur cette énième victoire de la coalition des Fal 2012 à Ziguinchor, l’auteur d’un
essai sur la Casamance a soutenu que la victoire de Wade dans la région de
Ziguinchor ne reflète pas la réalité du terrain.
Selon
lui, les casamançais dans leur écrasante majorité n’ont pas voté pour le
candidat de la coalition des Fal 2012. Comme l’illustre le faible taux de
participation.
« Le facteur de l’argent fausse
la sincérité du vote, fausse la conscience citoyenne et fausse en définitive le
suffrage universel » explique-t-il
avant d’ajouter que « l’électorat de
Ziguinchor est assez suspect ». De plus en plus, révèle t-il, des « informations provenant des acteurs
politiques eux-mêmes font état d’inscriptions massives de non sénégalais
(Bissau-guinéens et Guinéens de Conakry ». Un électorat « important » et « sûr » constitué aussi de
sénégalais d’autres régions du pays ayant bénéficié des privilèges et autres
faveurs du régime notamment dans l’aide à l’installation (affaires) et à
l’obtention de la carte d’identité nationale pour les non sénégalais.
A en
croire Omar Diatta qui par ailleurs pointe du doigt « l’achat massif des consciences », le « fichier électoral n’est pas sincère à
Ziguinchor ».
Quant
à la « percée significative»
de Macky Sall, l’ancien journaliste à Sud Quotidien affirme que « les sénégalais aiment la nouveauté »,
ne sont pas « constants dans leur
choix » et soutiennent toujours « la
victime » : Moustapha Niasse et Djibo Ka en 2000, Idrissa Seck en
2007 et Macky Sall en 2012.