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lundi 5 mars 2012

Recours et second tour

Le président sortant, qui conteste le déroulement de l’élection dans la région de Bignona, a déposé samedi un recours auprès du Conseil constitutionnel qui a cinq jours pour l’examiner et publier les résultats définitifs.

Natalie Forite
Journaliste, France

L’objet du litige : une décision de la commission nationale de recensement des votes qui « a annulé le vote dans 15 bureaux délocalisés du département de Bignona, prétextant qu le Préfet n’avait pas pris la mesure un mois avant le scrutin » a déclaré El Hadj Amadou Sall à l’Agence de Presse Sénégalaise.  Le porte-parole de Maître Abdoulaye Wade demande la recensement de milliers voix exprimées dans le comptage des votes : « Nous estimons que la décision du Préfet de Bignona est motivée par l’état de nécessité (…) Tous les candidats étaient d’accord pour délocaliser les bureaux à cause de l’insécurité. Nous voulons qu’on intègre les 15 bureaux de vote qui représentent 2 000 inscrits » a-t-il expliqué.

Second tour le 25 mars

La date du deuxième tour est fixée par le Conseil constitutionnel. Elle  correspond au troisième dimanche qui suit la publication des résultats définitifs du vote du premier tour. Les résultats définitifs devraient être rendus public jeudi au plus tard, ce qui, comme l’a déclaré la Commission électorale nationale autonome (Céna) fixe le deuxième tour au 25 mars.

Même si la Casamance, et le département de Bignona en particulier, sont parmi les régions du Sénégal les plus favorables au candidat Wade, et en admettant que la Commission décide d’accéder à la requête du président sortant, le compte des votes des bureaux du département de Bignona ne devrait pas changer de manière significative les résultats du premier tour à l’échelle nationale.

Source : AFP, APS

Pour « Macky » ou contre « Wade », l’opposition se rassemble


Par conviction politique ou pour contrer l’éventuelle élection du candidat-président Abdoulaye Wade, les opposants se mobilisent en faveur de Macky Sall. L'opposition politique, le collectif de jeunes "Y en a marre", le M23 ou encore Youssou Ndour appellent à voter pour lui au second tour, tandis qu’Abdoulaye Wade obtient le soutien des marabouts.

Natalie FORITE et Ousmane DIA
Journalistes, France / Dakar

Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck ont été parmi les premiers à apporter leur appui au candidat de l’opposition. « Nous ne sommes pas des soutiens, nous sommes partenaires et nous allons travailler ensemble, battre campagne ensemble, gagner ensemble et gérer ensemble, ce qui est l’esprit du M23 (Mouvement des forces vives de la nation) » a proclamé vendredi soir Ousmane Tanor Dieng, bien décidé à prendre sa place dans le combat auprès du candidat Sall.

Samedi, ce sont les « Assises nationales » qui se sont déclarées. Macky s’en félicite : « On a eu un soutien total de la part du peuple des assises et du Comité de pilotage des Assises nationales. Il considère qu’il n’y a qu’un candidat et que l’autre ne devait pas être candidat. Il est là parce qu’on a légalisé sa candidature. Le soutien de toutes les organisations membres des assises portera sur moi au second tour. »

Les assises nationales ont été lancées en juin 2008 par les partis de l’opposition. Divers acteurs de la vie économique et sociale y ont adhéré dans le but de faire l’état des lieux des problèmes du pays et de proposer des solutions de sortie de crise.

Macky Sall était à l’époque dans le camp du pouvoir a suite à sa disgrâce rejoint « le peuple des assises ». Les parties prenantes aux assises nationales avaient rendu publique une « charte de gouvernance démocratique » qui prône « la reconstruction nationale et le renforcement de la République »

Les recommandations du rapport général (394 pages) sont relatives à l’agriculture, l’environnement, l’aménagement du territoire et aux droits et liberté. Il met un accent particulier sur la pacification de la Casamance et la citoyenneté nationale.


Samedi toujours, Macky Sall a rencontré l’homme d’affaires Bara Tall et le candidat Cheikh Tidiane Gadio.

En fin de compte c’est toute l’opposition sénégalaise qui a tissé, autour de Macky Sall, un front commun contre le président sortant Me Abdoulaye Wade.

Moustapha Niasse, qui à l’instar Ousmane Tanor Dieng et Idrissa Seck, Amsatou Sow Sidibé et Cheikh Bamba Dièye, était aussi présent lors du rassemblement estime que les Assises nationales ont déjà obtenu une première victoire en mettant le Président en ballotage. Il a décidé de soutenir celui qu’il nomme « le candidat des assises » pour l’aider à gagner la « deuxième phase du combat » et mettre Abdoulaye Wade « à la retraite. »

A eux seuls, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ont respectivement remportés 13 et 11% des suffrages exprimés au premier tour. Si les électeurs suivent leur demande, ce sont près de 25 % des votes qui viendraient grossir le score de Macky Sall.

Un apport qui peut à lui seul inquiéter Me Wade qui ne peut guère compter que sur le vote des  abstentionnistes (le taux de participation a atteint 51% seulement) du premier tour pour augmenter son score. Il a aussi le soutien des marabouts. Cheikh Ndiguel Fall, très populaire dans le milieu des « Baye Fall »  a notamment appelé ses talibés (disciples) à voter pour lui car affirme-t-il : "c’est le meilleur choix" pour eux.

Abdoulaye Wade a reçu le ndigueul (consigne de vote) du guide religieux Cheikh Béthio Thioune, de la confrérie mouride. D’ailleurs, le soutien des marabouts serait « la botte divine » de Wade, selon le journal Direct info. Cheikh Béthio Thioune dit avoir reçu cette consigne de  Serigne Saliou Mbacké, 5e cinquième Khalife de Cheikh Ahmadou Bamba, « qui l’aurait instruit d’appeler ses talibés à soutenir le président de la République sortant. »
                                                       
Toutefois des voix contraires se sont élevées au sein de la famille de l’ancien Khalife pour dénoncer la sortie de Cheikh Béthio Thioune. Un proche de la famille, Serigne Souhaibou Cissé,  a mis en  garde Thioune et exigé qu’il arrête « une fois pour toutes d’impliquer ou simplement de citer le nom du saint-homme. »

« Il faut qu'on se mobilise tous et qu'ensemble, on porte l'estocade finale »

Pour le coordonnateur du M23 Macky Sall « est le seul à pouvoir (...) empêcher Wade d'avoir un troisième mandat », Au nom du mouvement dont la plupart des autres candidats à l'élection, comme Macky Sall, étaient membres, Alioune Tine demande «  aux candidats du M23 de faire preuve de patriotisme politique, de taire leurs problèmes personnels pour l'intérêt supérieur du Sénégal […] Il faut qu'on se mobilise tous et qu'ensemble, on porte l'estocade finale, pour en finir avec ce régime. »

Le collectif "Y en a marre", très populaire dans les banlieues de Dakar, a aussi demandé  aux Sénégalais de voter massivement pour Macky Sall.

« Dans l'arène, quand tu combats un adversaire et qu'il est à quatre appuis, presque à terre, il faut l'achever, il ne faut pas lui laisser le temps de se rebiffer », a expliqué le rappeur Cyrill Touré, l’un des membres fondateurs du mouvement.

L'ancien Premier ministre a enfin reçu le soutien de Youssou Ndour, son  « ami de longue date. » 
« Les Sénégalais ont voté à près de 70% contre le pouvoir en place. Le changement est déjà là, ce n'est plus qu'une affaire de modalité", a déclaré Youssou Ndour à l'issue d'un entretien avec Macky Sall qui a demandé au chanteur « d'offrir un méga concert le 4 avril »  après la « victoire. »

Preuve, s’il en faut que le candidat Sall se voit déjà à la tête de l’Etat !