Photo Zig Presse Natalie Forite |
La plateforme des femmes pour la paix en Casamance est devenue un passage obligé pour les candidats à la présidentielle. Zig Presse revient sur l'histoire de la création de la structure.
par Younousse Diédhiou
Journaliste, Ziguinchor
La création de la plateforme est née au lendemain des combats sanglants survenus en décembre 2010 lors de l’attaque de Bignona entre l’armée sénégalaise et le MFDC.
L’affrontement entre les combattants et les forces armées du Sénégal avait duré trois jours et fait sept morts du côté des forces armées sénégalaises et dix du côté des maquisards.Les cinq combattants du MFDC de Salif Sadio, arrêtés lors de cette attaque, avaient expliqué que leur objectif était de prendre la ville de Bignona pour contrôler le département. Les combattants étaient équipés d’armes lourdes qui auraient, toujours selon leurs témoignages, été fournies par la République islamique d’Iran. « Nos armes viennent de l’Iran avait expliqué un maquisard, et notre bailleur est le président de la Côte d’Ivoire puisque nous avons rencontré son conseiller militaire, Désiré Tagro à maintes reprises en Gambie et en Guinée Bissau. Nous n’avons rien à cacher puisque Wade est avec Ouattara » avait déclaré un combattant à nos confrères de rewmi.com
Ziguinchor, janvier 2011 - Photo Zig Presse Natalie Forite |
A la suite de ces événements, les femmes des régions de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou ont décidé de se regrouper autour d'une stucture qu'elles ont appelée "La plateforme des femmes pour la paix en Casamance".
Début janvier 2011, elles organisent à Ziguinchor une veillée de prières pour conjurer les démons de la violence. Le lendemain, elles marchent à travers les artères de la capitale de la basse Casamance pour exiger des belligérants l'arrêt des hostilités. Pendant un an, elles multiplient leurs activités et les appels à la paix.
A la veille du premier tour de la campagne électorale pour la
présidentielle de 2012, elles rédigent un mémorandum (voir ci-dessous) dans lequel elles exigent des candidats de s'engager, pour qu'une fois élus, ils fassent du règlement de la crise casamançaise une priorité.
Sur les quatorze
candidats, neuf ont signé le mémorandum lors de leur passage en Casamance avant
le premier tour de la présidentielle le 26 février 2012.
Quatre parmi les quatorze n’ont pas fait campagne à Ziguinchor et
ne se sont donc pas arrêté à la plateforme pour signer le document. Il s’agit
de Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck, Ibrahima Fall et Cheikh Abiboulaye Diéye. Ce candidat a expliqué par l'entremise de son directeur de campagne qu'il estime que la situation telle que décrite par les femmes dans le mémorandum est inexacte et refuse de le signer.
A la veille du
second tour, les femmes de la plateforme optent pour une formule plus audacieuse
qui consiste à auditionner les deux candidats du second tour à la présidentielle.
Cette fois, ce sont des audiences publiques qui sont mises à l'honneur. Une occasion pour les candidat en lice au deuxième tour de décliner leur "feuille de route" pour le retour d'une paix définitive en Casamance.
Le premier des deux prétendants à la présidence à s'adonner à cet exercice a été le candidat des FAL 2012, Abdoulaye Wade, qui à fouler lundi 12 mars le sol de Ziguinchor. Macky Sall a renouvelé son engagement par vidéoconférence la semaine suivante :
Le premier des deux prétendants à la présidence à s'adonner à cet exercice a été le candidat des FAL 2012, Abdoulaye Wade, qui à fouler lundi 12 mars le sol de Ziguinchor. Macky Sall a renouvelé son engagement par vidéoconférence la semaine suivante :
Entretien réalisé par et pour Ziguinchor TV
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Le MEMORANDUM POUR LA PAIX EN CASAMANCE
de la plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance
1982-2012
TRENTE
ANS que les armes tonnent
TRENTE
ANS de misère, de pauvreté et de désolation
TRENTE
ANS d’errance pour des populations villageoises
TRENTE
ANS de violences, de viols, d’assassinats
TRENTE
ANS de zones minées
TRENTE
ANS de désolation dans les rizières
TRENTE
ANS de champs abandonnés
TRENTE
ANS, que de familles installées dans le désespoir
TRENTE
ANS de ruine de tout un pan de la Nation sénégalaise
Aussi,
Nous
femmes des Régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor regroupées au sein de
la «
Plateforme des femmes pour la Paix en Casamance »,
- Exprimons notre lassitude devant ce conflit
qui perdure
-
Lançons un grand cri de détresse
-
Appelons à une résolution définitive de ce douloureux et fratricide
conflit
-
Exigeons la sincérité de toutes les parties prenantes aux négociations
-
Exigeons une PAIX DEFINITIVE
Ainsi,
Nous vous
soumettons à vous candidats et candidates à l’élection présidentielle du
Sénégal de 2012, ce Mémorandum pour valoir SERMENT.
Ce
MEMORENDUM vous interpelle, vous appelle à l’ouverture de
négociations sincères avec le Mouvement des Forces Démocratiques de
Casamance dès votre installation à la Magistrature suprême.
Pour
cela,
Nous,
femmes de la Casamance,
- exigeons l’implication effective de
« la Plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance »
- -- recommandons la participation
effective des forces vives de la Nation, des Pays voisin et de la Communauté
Internationale
A la
construction de la Paix en Casamance
Au
Retour définitif de la Paix en Casamance
Vive la Paix en Casamance
Maléguène
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